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La Goutte d'Huile 


Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon

© Copyright 2014 Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon  - Conception et réalisation Berjal

Diméthoate et compagnie


Après l'interdiction des insecticides organo-chlorés (IOP : DDT, HCH, …) en 1970, l'industrie chimique mondiale s'est tournée vers le développement d'insecticides organo-phosphorés (IOP). Selon l'agence publique « Santé Publique France », les IOC se dégradent peu ou pas du tout dans l'environnement et dans les organismes humains et animaux. « Les IOP se sont imposés rapidement par leur grande efficacité, notamment contre les insectes et le fait que ce sont des composés de synthèse qui se dégradent assez rapidement dans l'environnement ; cependant, ils ont des effets toxiques sur le système nerveux des vertébrés. Ils sont peu solubles dans l'eau, peu volatils et très solubles dans les graisses. ». Donc, ils ont été très utilisés en agriculture (parathion, malathion, fénitrothion, …) et notamment en oléiculture.


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Lorsque ces bons oléiculteurs arrosent généreusement leurs oliviers de pesticides, l'excès qui coule sur le sol tue une grande partie des bactéries. Une partie de ces bactéries survit et se multiplie rapidement : elles ont appris à digérer les pesticides en les transformant en hydrates de carbone et en un pesticide peu actif. Comme ma lointaine cousine la punaise du soja

(Riptortus pedesris) face au fénitrothion en Asie (ce sont des chercheurs scientifiques qui l'ont établi), moi mouche de l'olive (Bactrocera oleae) je possède des bactéries résistantes au diméthoate. Elles digèrent le pesticide et moi, je les digère : elles me nourrissent en m'apportant de précieuses protéines (acides aminés) et des vitamines. Lorsque je vais pondre mes œufs, je transmets maternellement mes bactéries symbiotes à ma descendance.


Oeuf

Je coiffe délicatement chaque œuf d'un capuchon de bactéries pour que mon petit, l'asticot qui éclora, reçoive dés sa naissance les précieuses bactéries (stockées dans une ampoule près de notre anus et de l'outil de ponte, l'ovipositeur).


Ovipositeur1 Ovipositeur2


Notre nourriture est à base de pulpe de l'olive que nous rongeons. Cette pulpe est majoritairement à base de cellulose, indigeste, dans les jeunes olives.


Les bactéries digèrent la cellulose (comme chez les chevaux et les ruminants), nous mouches digérons les bactéries. Alors, vive nos bactéries symbiotes résistantes aux pesticides. »


Cycle mouche

« Notre asticot (le ver de la mouche) se transforme en pupe dans l'olive. Une nouvelle mouche émerge de l'olive 21 jours après la ponte de l'œuf. Les bactéries sont toujours là. après avoir percé la peau de l'olive et introduit son œuf sous la peau, notre maman mouche lèche consciencieusement le jus et barbouille l'olive de salive (cette salive contient les bactéries stockées dans un réservoir dans notre tête, entre les yeux). C'est notre trompe qui aspire le jus nourrissant de l'olive et dégorge la salive riche en bactéries puisée dans notre ampoule céphalique. Nous aimons lécher les fientes d'oiseaux et les tiges d'oliviers en attendant que les olives grossissent. Les feuilles et les jeunes rameaux sont recouverts de poils en forme de parapluies qui abritent de nombreuses bactéries. Ah ! Qu'elles sont délicieuses : Pseudomonas savastanoi l'agent du Chancre de l'Olive, Candidatus Erwinia dacicola ou d'autres Pseudomonas. !


Lorsque le contenu liquéfié de la pupe se métamorphose en une mouche, « insecte parfait », le printemps est là, nous émergeons du sol au prix d'un pénible chemin entre les grains de terre (à notre échelle, ce sont des rochers à déplacer). Là, de méchantes araignées chasseuses, embusquées dans les brins d'herbe, nous guettent et nous dévorent. Ah quelle mauvaise idée de laisser pousser de l'herbe sous les oliviers !


Mais les humains ne nous aiment pas ! Qu'ont ils contre le diméthoate ? Nous mouches il ne nous fait plus rien, nos bactéries nous protégent mais elles ont appris aussi à se défendre contre d'autres substances chimiques !  »


À suivre …


Bibliographie


Ø        Gimilio R. , 2015, La mouche de l'olive, ses symbiotes, les pesticides et le cuivre. Annales de la Société d'Horticulture et d'Histoire Naturelle de l'Hérault 155, 25:39. (ISSN : 0373-8701)