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La Goutte d'Huile 


Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon

© Copyright 2014 Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon  - Conception et réalisation Berjal

N ° 8 automne-hiver 2016

(Avec la permission d'imprimer et de diffuser du Grand-Maître de la confrérie)


Editorial


L'été s'en est allé avec sa sécheresse, ses chutes de grêle qui ont touché les vignes mais aussi les oliviers. Le Grand Chapitre s'est tenu à Nîmes et la Confrérie a participé à de nombreuses fêtes, a répondu aux invitations des autres confréries et procédé à de nouvelles intronisations. Le dernier chapitre en date (9 octobre 2016) à Pignan, nous a permis de rassembler sur l'estrade plusieurs autorités, autour de Michèle Cassar, Maire de Pignan : M. Chrisian Assaf représentant Mme Carole Delga, Présidente de la Région, les Maires de Vendargues, Sète, Cournonsec, Fabrègues, Murviel et Montpellier (M. Philippe Saurel également Président de Montpellier-Méditerranée-Métropole). Même si des oliviers ne poussent pas du côté de Toulouse, la nouvelle région en cultive dans ses quatre départements oléicoles (Gard, Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales). Le Président de la nouvelle coopérative oléicole Pignan-Villevielle nous a fait l'honneur d'un discours annonçant la mise en service prochaine (fin octobre) d'un moulin à huile à Pignan (disparu comme conséquence du gel de 1956). C'est un évènement à saluer comme il se doit : enfin, on va de nouveau triturer des olives à Pignan, bravo. C'est un renouveau car l'oléiculture est un parent pauvre dans l'agriculture régionale, que nous défendons pour la faire reconnaître comme il se doit. Depuis la plus haute antiquité, l'olivier a marqué nos territoires avec la vigne et le blé, indispensables à notre culture et subsistance. « L'huile, c'était notre beurre à nous ».


La présence de notre confrérie sur l'estrade de Pignan affirme haut et fort notre volonté de défendre un arbre sacré et des produits de qualité. Les mauvaises années dont 2014 et 2015 ont été suivies par 2016, une petite année pour l'oléiculture. L'absence du diméthoate (dangereux pesticide organophosphoré cancerigène) n'y est pour rien. La canicule de l'été 2016 n'a pas pu avoir d'influence sur la mise à fleurs du printemps 2016 ! La grêle a frappé quelques oliveraies. Pourquoi les lucquiers et les picholiniers (dans une moindre proportion) n'ont pas mis à fleur ? La mauvaise pollinisation est-elle pour quelque chose ? La sécheresse a-t-elle fait tomber de nombreux fruits ? La mouche de l'olive a été inhibée par la canicule et ceux qui ont commencé à poser leurs pièges en avril ont pu noyer les Bactrocera oleae dans le liquide qui dégages les effluves d'ammoniac. N'en déplaise à certains esprits chagrins, face à une mouche capable de résister aux plus virulentes substances chimiques, les bouteilles et les pièges coniques à sec ont bien fonctionné. Des voix s'élèvent maintenant aux quatre coins de nos départements oléicoles pour dénoncer les effets pervers de l'argile sur la mise à fleurs des oliviers ainsi traités (induction florale retardée ? inhibée ?). Si la recherche scientifique sur l'olivier a été diminuée voire éradiquée de nos campus universitaires et agronomiques, des scientifiques retraités et oléiculteurs continuent à se pencher sur les problèmes de l'oléiculture régionale, bénévolement, malgré les cris d'orfraies de certains.


Raymond Gimilio

Majoral








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Mouche

« Nous, mouches de l'olive (Bactrocera oleae), avons des défenseurs acharnés qui s'ignorent. Ceux qui pleurent sur l'interdiction du diméthoate ne savent sans doute pas que c'est une nourriture pour nous, mouches. Un oléiculteur, un papé, se plaignait, en 2008, devant la coopérative de Pignan, que « plus on en mettait, plus la mouche semblait s'en nourrir » ?. Il n'avait pas tort ! Nous, mouches de l'olive, avons un stock de bactéries dans notre tube digestif. Nous récupérons ces bactéries dans notre environnement, les oliviers et la terre sous ceux-ci.


Nous passons une partie de notre vie dans la terre, au pied de l'olivier, pendant la mauvaise saison (automne et hiver). Il faut savoir que lorsque le froid commence en octobre, après les mois chauds de l'été, nos asticots, qui ont bien rongé les olives, en sortent gavés et tombent sur le sol où ils essaient de

s'enterrer sous une touffe d'herbe ou un gros caillou. Là, se produit un phénomène commun à tous nos cousins diptères et autres insectes : l'asticot s'entoure d'une coque résistante, il devient une pupe blindée à tous les insecticides (panzer-mouche). Nos seuls ennemis sont alors les gallinacés (sauvages comme les perdrix ou les faisans, domestiques comme les poules domestiques ou semi-sauvages comme les poules naines). Gratte, gratte et hop une pupe dans l'estomac du gallinacé, une mouche en puissance de moins (les mouches disent merci aux chasseurs qui tuent les faisans et les perdrix, nos ennemis). Certains filaments de champignons aussi se baladent dans le sol et savent dissoudre la coque de la pupe, gobant le contenu. Nous ne crions pas « vive la biodiversité ! », elle nous combat et nous tue.


Quand notre asticot tombe au sol et avant de devenir panzer-pupe, il se gave au passage de bactéries du sol. Ces braves bactéries, nos bonnes symbiotes (c'est comme ça qu'on appelle les bactéries qui vivent dans tous les être vivants, en s'y associant pour des bénéfices réciproques). Nous, mouches adultes, hébergeons ces bactéries dans notre tube digestif.

La complainte de la Mouche de l'Olive

(suite)

Vous avez compris ? Non ? Oui ? C'est une mouche de l'olive et ses descendants qui parlent.