La Goutte d'Huile
Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon
Une demi-journée de démonstration de piégeage de Bactrocera
Avertissement au lecteur : la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon ne fait pas de commerce et ne perçoit aucune rétribution de quelque société commerciale que ce soit. Le but de cet article est de faciliter à ses membres, en grande majorité oléiculteurs professionnels ou amateurs, l'accès à des produits efficaces pour lutter contre le parasite majeur qui détruit les récoltes et dont la lutte chimique phytosanitaire s'avère de plus en plus problématique du fait de la réglementation (Certiphyto), de la technicité nécessaire pour l'emploi de produits de plus en plus toxiques pour ceux qui les emploient et dont la liste d'homologation et d'autorisations se réduit. Le coût de ces produits grève aussi lourdement les budgets des exploitations. La production d'huiles et d'olives de qualité issues de l'agriculture bio bannit ces produits.
Aboutissement d'un long processus de négociations, l'initiative de septembre 2015 a fini par aboutir. Nous avions découvert dans l'ouvrage de Jean LECOMTE une brève présentation des gobe-mouches fabriqués en Espagne par la société PROBODELT, une PME spécialisée dans les pièges à insectes. La Confrérie avait décidé de lancer une journée technique de démonstration des pièges, à Aspères (Gard). Après contact pris, négociations et accord de la société PROBODELT, la saison a été jugée trop avancée, en octobre. Nous avons dû annuler. En 2016, nous avons relancé la journée fixée le 28 juin avec l'accord de PROBODELT. Mais, patatras ! La présence d'un insecticide dans le couvercle des pièges à sec Conetrap faisait hésiter le partenaire pressenti pour nous aider dans la logistique et il fallut annuler. Finalement, un partenariat a été trouvé avec la Société d'Histoire Naturelle et d'Horticulture de l'Hérault (SHHNH). Avec André BERVILLÉ (vice-président de la SHHNH, directeur de recherches ER à l'INRA, Montpellier), nous avions lancé une série de conférences sur l'olivier depuis le début avril. La demi-journée de démonstration de pièges PROBODELT était fixée au 20 juillet et largement ouverte aux membres de la profession oléicole. Madame Sophie ARNIHAC, propriétaire du domaine des Vautes (Saint-Gély du Fesc) et maître de moulin a accepté de servir de base à la démonstration et à l'accueil des participants (nous la remercions ici pour son accueil et les rafraîchissements). Nous avions reçu gratuitement un carton de 20 pièges Conetrap qui ont été répartis entre cinq récipiendaires. Quatre pièges ont été installés au domaine des Vautes, quatre à Claret dans mon oliveraie, quatre chez notre Grand- maître Michel Teissier et le reste saupoudré par 2 et 3 unités. Une société commerciale a été approchée pour lui confier la commercialisation des pièges en France.
Les pièges Probodelt
Le catalogue de la Société Probodelt comporte plusieurs produits : des pièges à attractifs alimentaires (basés sur des liquides contenant du phosphate diammonique et des hydrolysats de protéines). Ce sont des récipients jaunes avec des entrées latérales coiffés d'un couvercle transparent doté d'un crochet de suspension. Ces pièges peuvent recevoir des attractifs pour divers insectes (Bactrocera oleae, Ceratitis capitata, Drosophila suzuki). La société commercialise séparément des attractifs en bidons, prêts à l'emploi. Il suffit de remplir les pièges. Les insectes qui y pénètrent ont le réflexe de se lancer violemment vers le couvercle transparent, tombent dans le liquide et se noient. Il n'y a aucun insecticide dans ces piéges (Maxitrap, Hemitrap, gobe-mouche de base Basico et Basico-T,…). Si vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez tous les renseignements sur le site de la société PROBODELT. Une option vous permet de choisir le Français comme langue de travail. Un modèle spécial, le Polillero Funnel, permet de capturer des teignes et autres parasites.
Tous les éléments des pièges peuvent être vendus séparément. Les pièges, à l'exception du Conetrap, ne posent aucun problème de certiphyto, ils ne contiennent aucun pesticide justifiant une quelconque restriction de circulation faisant exception au principe de libre circulation des marchandises au sein de l'Europe. Nous nous sommes rendus au Service Régional des Douanes où nous avons présenté le catalogue du fournisseur téléchargé sur Internet. Il nous a été confirmé que ces produits peuvent être librement achetés en Espagne où ils sont en vente libre sous l'homologation du Ministère de l'Agriculture espagnol. Vous pouvez les ramener en France et vous ne serez pas inquiétés par les Douanes à la seule condition de présenter une facture d'achat en bonne et due forme. Une seule restriction : vous ne pourrez pas revendre ces produits sauf à acquitter la TVA en France comme commerçant patenté.
Nous nous sommes rendus au siège montpelliérain de la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) où nous avons présenté le catalogue Probodelt. Là, nous avons obtenu immédiatement la réponse négative concernant le piège Conetrap.
Le piège Conetrap
Pour palier aux inconvénients des pièges à liquide (décomposition et évaporation rapides du liquide, obligation de recharger les pièges dans la fournaise de l'été) et à l'encombrement lors de l'envoi en nombre, la société a mis au point un piège à sec :
o forme de cône dépliable et empilable par plusieurs centaines à plat,
o attractif alimentaire ammoniacal en sachets de papier poreux absorbant l'humidité nocturne dont l'efficacité dure 6 mois à 100% et décroît à 50% pendant un an,
o couvercle transparent enduit d'une mince couche déposée au pinceau de l'insecticide lambda-cyalothrine.
Ce dernier point (il reste encore à démontrer le seuil de toxicité) se heurte à la réglementation du certiphyto. Il y a du Karaté dans le Conetrap (7,5 mg/unité) ! Il n'y a en France aucune préparation à base de lambda-cyalothrine/Karaté autorisée en jardinerie amateur (au contraire du Décis). Pourtant, le produit Conetrap - ainsi garni - est autorisé à la vente en Espagne où il est homologué en agriculture biologique espagnole. « Vérité ici, erreur en deçà des Pyrénées » ?