La Goutte d'Huile
Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon
Une maladie cryptogamique mineure ?
Maladie mineure ? Non ! L'oeil de Paon est un défoliant des oliviers et il prive l'arbre de son bien le plus précieux : les feuilles qui constituent l'usine à fabriquer les hydrates de carbone qui donneront l'huile. La feuille, organe chlorophyllien, est le lieu où les chloroplastes des cellules captent l'énergie solaire, synthétisent des glucides à partir de l'eau et du gaz carbonique. Les feuilles malades tombent et l'arbre peut subir une défoliation sévère. M. Alex Siciliano, technicien AFIDOL nous a mis en garde contre cette maladie lors de la journée technique sur les olivier tenue à Pignan le 6 mars 2016.
Un arbre qui a subi l'atteinte de la maladie présente de longues sections de rameaux défeuillés. Le feuillage est donc clairsemé. L'arbre est peu productif et ne garde pas ses olives.
L'infestation
La contamination des feuilles se fait insidieusement par les spores du champignon (cryptogame) qui montent du sol vers le feuillage par les remous de l'air ou les tiges de graminées. Rien n'est visible lorsque la spore du champignon germe et entre par la face inférieure, par un stomate bien ouvert, après une pluie ou par atmosphère humide. Le mycélium issu de la spore envahit lentement les tissus de la feuille jusqu'à atteindre la face supérieure. Des taches apparaissent en mars et avril.
Le traitement
Il se fait au cuivre pour la prévention. Dès le mois de mars, après les premières pluies, un traitement au cuivre, quart de dose (3,35 g/l). A répéter deux à trois fois, après la floraison et la nouaison des fruits (courant juin) et courant septembre). Il existe un traitement curatif au diméthyl-kresoxim (DMK : produit dangereux réservé aux professionnels titulaires du « certiphyto »). Il existe cependant des spécialités autorisées en emploi dans les jardins (EAJ).
Il est temps d'y voir clair dans cette jungle terminologique certiphyto-EAJ.
Certiphyto-ECOPHYTO-Produits phytosanitaires-EAJ et Cie
La loi, adoptée le 11 septembre 2014, a pour objet « d'énoncer les orientations de long terme, de réaffirmer la nécessité des outils de gestion, de régulation, et d'organisation en les confortant ou les renforçant. (...) De faire en sorte que s'opère le renouvellement des générations, que soient préservées la force et l'excellence de l'agriculture française dans un monde globalisé [et que] se construisent conjointement les performances économiques et environ-nementales des exploitations d'aujourd'hui et de demain, et surtout que l'agriculture, l'alimentation et la forêt soient reconnues à l'avenir comme une composante économique, sociale et territoriale essentielle à l'équilibre de la France ». Il s'agit de la protection des plantes qui institue, entre autres le « Certificat individuel phytosanitaire » ou « certiphyto ». Ce certificat concerne, outre les professionnels de l'agriculture, les agents de collectivités territoriales et les gestionnaires de parcs. L'échéance est repoussée au 26 novembre 2015. La loi d'avenir agricole prévoit une exemption d'agrément pour les entreprises prestataires de service utilisant exclusivement des produits de biocontrôle lors des traitements. En revanche, tout utilisateur professionnel de produits phytopharmaceutiques (dont font partie les produits de biocontrôle) doit détenir un certificat individuel. Produit phyto-phamaceutique, produit phyto-sanitaire, pesticide, … sont des synonymes qui désignent la même chose : une préparation chimique contenant une ou plusieurs substances dangereuses pour l'environnement et pour ceux qui vont les appliquer. Selon le Code Rural (article L 253-1), on entend par produit phyto-pharmaceutique (ou phyto-sanitaire) :
o les produits issus de la synthèse chimique,
o les produits de bio-contrôle (à savoir les microorganismes),
o les extraits minéraux, animaux ou végétaux) ainsi que les produits de bio-contrôle.
La liste est suffisamment imprécise pour laisser libre cours aux interprétations individuelles les plus fantaisistes et restrictives. Ainsi, un piège à insectes, ne contenant « aucuns substance phytosanitaire issue ou non de la synthèse chimique », ne pourrait être acquis que par les possesseurs du certiphyto pour être ensuite posé, selon certaines interprétations ?
Examinons le cas de la deltaméthrine. Cet insecticide vendu en flacons de 1 l, à la concentration de 0,05 g/l (0,05V V%), est soumis au certiphyto. Le flacon de 0,225 l (225 ml) à la concentration de 0,015 g/l) est vendu librement en France sous la rubrique « EAJ » (Emploi Autorisé en Jardinerie). Comme le dit la pharmacopée, la différence entre le poison et le médicament repose sur la concentration et la dose du produit. Il reste à examiner, au chapitre des attractifs alimentaires, comment remplacer le buminal disparu des magasins en France. C'est un hydrolysat de protéines, c.a.d. principalement un sous-produit des laiteries, en vente libre en Espagne sous différentes appellations (Buminal, Biocebo, … ). Ce n'est pas un produit phytosanitaire. Il suffirait de commander ou d'aller en acheter en Espagne ou en Italie. (à suivre)
Raymond GIMILIO, Docteur en sciences biologiques