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La Goutte d'Huile 


Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon

© Copyright 2014 Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon  - Conception et réalisation Berjal

Le cuivre, l'olivier et la mouche de l'olive (suite)


Le cuivre agit sur la biologie de la Mouche de l'Olive. Le résultat de mes recherches bibliographiques a été validé par le comité de lecture scientifique de la Société d'Horticulture et d'Histoire Naturelle de l'Hérault. Il a été publié dans le numéro 155 (année 2015) et sera mis à disposition de la confrérie.


Le cuivre, oui, mais « à condition d'utiliser avec modération, la saturation des sols d'oliveraies pourrait prendre un siècle (Alex Siciliano, AFIDOL, Pignan, mars 2016) ». Quatre traitements de bouillie bordelaise à quart de dose (4g/litre) permettent de lutter contre les cryptogames (œil de Paon), les bactérioses (chancre de l'olivier dû à Pseudomonas savastanoi) et Bactrocera oleae :


o mars (après la taille), avril-mai, juin-juillet, septembre-octobre ;


N.B. : La bouillie bordelaise est autorisée en agriculture biologique.


Un autre aspect du cuivre a été mis en valeur parmi les résultats de recherches scientifiques. Les scientifiques japonais (Kikuchi et al., 2012) ont découvert que les bactéries symbiotes de la Punaise du soja (Riptortus pedestris) la protégent contre l'action du pesticide organo-phosphoré fénitrothion (résultat repris par la revue Sciences et Avenir (2012). Ces bactéries symbiotes contaminent l'insecte lors de son cycle hypogée (larves dans le sol). Ces bactéries sont capables de se multiplier dans le sol rapidement, les survivantes au contact avec le pesticide qui a ruisselé dans le sol (10% de la population) repeuplent rapidement la niche écologique dans le sol : elles sont capables de digérer le pesticide et de s'en nourrir !  « Ces bactéries sont capables […] de métaboliser le produit de dégradation et de l'utiliser pour leur propre croissance » ! L'insecte qui héberge ces bactéries et s'en nourrit bénéficie de cette résistance. Il prospère, car l'association symbiotique « peut conférer la résistance au fénitrothion aux insectes hôtes ». Ce mécanisme a été aussi mis en évidence pour d'autres insectes parasitant d'autres cultures, allant même jusqu'à protéger contre des guêpes parasitoïdes et contre les protéines produites par le bacille de Thuringe. Or, il y a une analogie entre le cycle hypogée de la punaise et celui de la mouche de l'olive. Cette dernière est en contact avec les bactéries du sol quand la larve va s'enterrer avant de s'empuper puis quand le nouvel adulte s'extrait du sol. Ces mécanismes ont été trouvés dans l'étude que nous publions dans les Annales de la Société d'Histoire Naturelle et d'Horticulture de l'Hérault (n° 155, année 2015). Ce sont les travaux de Calecca (2012), Capuzzo et al. (2005), Zchori-Fein et Bourtzis (2011). La mouche de l'olive assure une continuité de transmission de la chaîne bactérienne tout au long de son cycle vital, de l'adulte vers l'œuf, de l'œuf à la larve et à la pupe. Les bactéries hydrolysent (décomposent) les pesticides, les insectes digèrent les bactéries au fur et à mesure que le stock prospère dans leur appareil digestif. Le diméthoate ferait partie des pesticides dont la mouche, grâce à ses bactéries symbiotes, se nourrirait littéralement ! L'ancienne association cuivre-diméthoate permettait de rendre le diméthoate plus efficace, le cuivre tuant les symbiotes ! Néanmoins, sans diméthoate, le cuivre est un puissant agent bactéricide qui gène le développement de la mouche en la privant de ses symbiotes. La mouche lèche les feuilles et les olives pour recueillir les bactéries qui la nourrissent, entre autres produits. Le cuivre détruit sa nourriture et doit suffire à la contrôler (travaux de Belcari et al., 1999 et 2014, Rossi et al. 2007) montrent une importante mortalité larvaire due au cuivre. Nous avons essayé fin-juin-début juillet 2015 un traitement des fruits à la bouillie bordelaise dosée à 6,7 g/l (67 g/10 l). Ce traitement n'a pas pu être renouvelé en septembre. Nous allons combiner le piégeage avec le traitement au cuivre. Alex Siciliano (Intervenant AFIDOL le 6 avril 2016 à Pignan) parlant de la lutte contre l'œil de Paon (Fusicladium oleagineum) préconisait quatre traitements à quart de dose (3,35 g/l ou 33,5 g/10 l). D'une pierre, deux coups : un des traitements fin-juin-début-juillet et un traitement mi-septembre devraient faire tomber significativement la pression de la mouche tout en restant conformes aux préconisations de l'agriculture biologique et en luttant contre l'œil de Paon, sans saturer le sol de l'oliveraie. Avec les pièges à mouches, la pression de la mouche devrait également tomber à un seuil acceptable !


Raymond Gimilio, SHHNH


Nourrir ses oliviers (suite)


Dans le précédent numéro de la Goutte d'Huile, nous avons parlé de la fertilisation du sol. Il convient de compléter ces apports par des engrais répandus sur le feuillage et directement absorbés par les feuilles : ce sont les engrais foliaires. On les répand par pulvérisations, il en existe de très spéciaux. Le plus simple, l'urée, très soluble, présente comme autre avantage de pouvoir être utilisée en pulvérisation foliaire. L'urée ne laisse pas de dépôt sur les feuilles et peut être mélangée aux bouillies anticryptogamiques (suivre les instructions du fournisseur : en moyenne 100 litres d'eau à 20 °C dissolvent 103 kg d'urée, vous pouvez en mettre 50 kg). Il faut surtout viser la face inférieure des feuilles où sont les orifices microscopiques (stomates) par lesquels pénètre l'engrais. On favorisera l'ouverture de ces stomates par un arrosage superficiel, si le temps est sec.


Il existe d'autres engrais plus sophistiqués, notamment à base d'urée et de bore, de fer ou de zinc. Le bore est à appliquer fin mars, avant la floraison et après la nouaison, il favorise l'accrochage des fruits, le zinc et le fer aidant la croissance des olives.

(à suivre)

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