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La Goutte d'Huile 


Bulletin de liaison de la Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon

© Copyright 2014 Confrérie des Chevaliers de l'Olivier du Languedoc-Roussillon  - Conception et réalisation Berjal

Sur les noms et incertitudes


Histoire des « Picholini »


L'olivier, le picholin ou picholinier, l'olive pichoulin ou picholine ? D'où vient ce nom ? Pas de l'occitan en tout cas. L'abbé Couture parle des frères Picholin (Picholini), famille italienne noble dont on trouve en 1607 une trace avec Léonard (Leonardo). Une branche de la famille est italienne, l'autre est établie en Provence. A l'époque, le commerce des olives en saumure était florissant. Entre nobles, on s'offrait les olives salées par barriques entières. Les Picholin de Marseille sont florissants (un hôtel particulier cours Belzunce, un hôtel de négociants dans la paroisse Saint-Nicolas). Les barriques d'olives de Picholin. Que contiennent-ils ? Des olives salées « à la picholin ». C'est l'olive des frères Picholin. Mais à l'époque, on mettait en saumure (préalablement traitées à la cendre de bois riche en potasse) toutes les olives qui s'y prêtaient, vertes : saurines, salonenques, grossanes, bouteillan (botelhan, botelhana, bouteillane), berruguettes. En finale, c'est le plant de Collias, la colliasse (ou couillasse), grosse olive, qui hérite du nom de « picholine », aujourd'hui « olive de Nîmes », une AOC (décret INAO du 2 mai 1995). Or d'après Tournefort (Joseph Pitton de …, botaniste français 1658-1708), elle est décrite comme « picholine » un « oleo fructus minores » (un olivier à petits fruits !). Ce n'est pas le cas de l'actuel arbre et de son olive, plutôt grosse.


Page 93 de la publication de Josiane Ubaud, on trouve dans la colonne « Nom occitans (graphique classique ou mistralienne) » : C(o)iàs / Cou(l)ias, Co(l)iàs filaire / Cou(l)ias filaire, Co(l)iassa / Cou(l)iasso, … (nous renvoyons notre lecteur aux tableaux de l'article publié à la SHHNH). En finale, le Collias (plant de … ou olivier de …) ou Colliasse (olive) devraient être les dénominations officielles en français, au vu des règles lexicographiques, de notre estimée picholine, olive de Nîmes pour l'AOC.


Histoire de la Lucques


Une autre olive/olivier de notre région pose un problème. La lucques, comme on pourrait la croire originaire de la région de Lucques (Italie) ne vient pas de là (selon André Bervillé) : il n'y a pas d'oliviers à Lucques, en Italie. En occitan (graphie italique) propose Lucal / Lucal, Plant de Luca / Plant de Luco pour l'olivier et Luca / Luco pour l'olive. L'adaptation de Français serait Lucal (olivier) et Lucques (olive). La forme Lucquier a peut-être une racine occitane (syntaxiquement possible) qui pourrait venir du latin « luce » (olivier lumineux !). Tournefort proposait le nom d'« olivier odorant » (traduction de son binôme latin).


Les autres variétés cultivées


Nous n'allons pas résumer ici les 96 pages et tableaux ni les deux heures de conférence. Près ne nous, de l'autre côté du Rhone, nous trouvons l'olive Tanche, une variété propre à la région de Nyons (sud de la Drôme et nord du Vaucluse). Cette variété mixte (noire de table et huile) est connue aussi sous le nom d'olive de Nyons. Cette olive pose aussi un problème au linguiste. Son nom viendrait de son mode de culture : oliviers sur les tancos (oulivie de tanco, tanque). La lexicogrpahe a relevé Tanca d'aubre / Tanca d'aubre, Tancho d'Aubre pour l'olivier, Tanca / Tanco, Tancha / Tancho pour l'olive. La dénomination en français est Tanche (olive) et Tanche (arbre et surtout pas « tanchier » !). Elle fait remarquer que cet olivier se reproduit bien végétativement par boutures (tanca).


Terminons en soulignant que sous l'action énergique des oléiculteurs de Nyons est née la Confrérie des Chevaliers de l'olivier de Nyons sous l'impulsion de Pierre Bonnet (ingénieur agronome) et de René Duchet (ancien préfet et secrétaire d'état) et du général Vernejoul (premier Grand Maître). Après le gel catastrophique de 1956 (de sinistre mémoire), cette confrérie a marqué le renouveau, la renaissance de l'olivier et de ce patrimoine. Notre confrérie du Languedoc-Roussillon a été parrainée par eux et a participé à ce renouveau dans notre région (devenue Occitanie récemment).


Bien défendus, bien dénommés (merci Josiane), bien caractérisés scientifiquement, nos oliviers, nos olives et nos huiles sont un patrimoine que nous avons prêté serment de défendre. Le pourrons-nous ?


Raymond Gimilio

Diplômé d'études supérieures de Botanique

Chevalier du Mérite agricole


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