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Olives récolte minuscule dans le Gard

Article Midi-Libre 13/11/2014 - PHILIPPE BERJAUD

http://www.midilibre.fr/2014/11/13/olives-recolte-minuscule,1080969.php

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A Beaucaire, Bruno Richet dit n'avoir jamais vu autant de mouches

Crédit photo MDL Philippe Berjaud

La prolifération de la mouche prive quasiment de ramassage un millier de petits apporteurs locaux. Les vrais producteurs s'en sortent mieux. Les volumes d'huile en chute libre.

Les producteurs font grise mine : la récolte 2014 serait "catastrophique" dans le Gard, en France, et mauvaise ailleurs. En Espagne (230 fois la production française et plus de 50 % de l'huile d'olive produite dans le monde), la sécheresse de l'été devrait faire chuter la récolte de moitié par rapport à 2013. En Italie, les producteurs font face à une bactérie (xylella fastidiosa) qui plombe leur production. En France, la Bactrocera oleae, mouche connue depuis longtemps, pourrait réduire la production hexagonale d'au moins 50 %.


A cause de la météo

La prolifération de cet insecte est due à la météo : grande douceur de l'hiver précédent (le froid n'a pas tué les pupes enfoncées dans le sol), printemps précoce, humidité et été sans chaleur (le cycle de la mouche déraille au-delà 30°). "Je n'ai jamais vu autant de mouches", dit Bruno Richet, membre du conseil d'administration de la coopérative de Beaucaire. Il a une trentaine d'arbres et, dit-il, "j'arriverai péniblement à 100 kg d'olives, trois fois moins que d'habitude."

À Saint-Gilles, l'argile blanche a fait des merveilles

Fabien Jeanjean, 43 ans, ancien président du syndicat des AOP Olive et Huile d'olive de Nîmes, exploite avec son épouse Carole le Moulin des Costières, à Saint-Gilles. Ce moulin produit en moyenne chaque année entre 200 et 300 tonnes d'huile d'olives pour des tiers, qui lui confient la transformation de leurs olives en huile, et une centaine de tonnes pour son propre compte, à partir des 30 ha et des 10 000 oliviers du domaine. "Je pense qu'on va perdre, cette année, 90 % de notre activité de prestataire. Si on fait 20 ou 30 tonnes d'huile pour le compte d'autrui, ce sera le maximum. Par contre en ce qui nous concerne, on a une belle récolte et de beaux fruits et on va attaquer la picholine cette semaine car elle arrive à maturité."

Pour se protéger de la prolifération des mouches, le moulin des Costières, qui est en agriculture biologique depuis 2011, a utilisé la technique du leurre, à base d'argile blanche. "On pulvérise l'argile sur toutes les parties des oliviers, branches et feuillages, qui deviennent blancs, et les mouches ne s'arrêtent pas pour pondre leurs œufs. Elles passent au-dessus des oliviers sans réaliser qu'il s'agit des arbres qu'elles recherchent, l'argile blanche agissant comme un leurre", explique Fabien Jeanjean.




Récolte immédiate

Beaucoup de petits producteurs aimeraient pouvoir en dire autant. "On a 800 adhérents actifs à la coopérative, parmi lesquels de nombreux petits apporteurs. Or au moins 60 % de ces derniers n'ont strictement rien à ramasser, explique Jean-Charles Brunal, directeur du moulin. Pour nous, la récolte annuelle moyenne (200 à 250 tonnes) atteindra péniblement les 100 tonnes. Et heureusement qu'on a commencé en avance", dit-il encore, les responsables de la filière ayant demandé, après le 20 octobre, que les olives soient ramassées le plus vite possible, mûres ou pas, "la seule voie étant la récolte immédiate."

Le problème, avec la Bactrocera, vient de ce qu'elle pond son œuf dans une olive pour permettre à la larve de s'y nourrir avant de devenir à son tour une mouche, trois semaines à un mois suffisant pour engendrer une nouvelle génération de mouches. Sachant qu'une femelle pond 400 à 500 œufs en quelques jours, un seul œuf par olive, mais que plusieurs mouches peuvent pondre dans la même olive.

Faute de traitement efficace, les olives se nécrosent et dépérissent, vidées de leur substance, et ce qui en reste, tombe au sol, de sorte qu'il n'y a plus rien à récolter.

"La production d'huile d'olive devrait chuter de 70 %"

Christian Teulade est président du syndicat des AOP Olive de Nîmes et Huile d'olive de Nîmes.

Quel est l'impact de la prolifération de la mouche sur la production gardoise ?

Il varie beaucoup selon qu'on est en bord de mer ou en altitude et selon qu'on est un amateur ou un véritable oléiculteur. Ceux qui ont besoin de l'olive pour en vivre et en produisent sur plusieurs hectares ont été beaucoup plus minutieux et ont plus ou moins sauvé la récolte. Ce n'est pas le cas des petits apporteurs réguliers. On estime qu'ils sont un millier dans le Gard. Ils représentent plus de 80 % des producteurs. Au final, la production d'huile d'olive devrait chuter de 70 % par rapport à l'an dernier dans le département, les grosses pluies ayant, en outre, eu pour effet de réduire fortement le rendement en huile des olives. En revanche, pour l'appellation seule, qui regroupe 220 producteurs, on table sur une stabilité des volumes par rapport à l'an dernier.

Comment expliquez-vous que la mouche ait pu faire autant de dégâts ?

Il y a la mouche, dont la prolifération est due à la météo, mais ce n'est pas la première fois que ça arrive, et il y a aussi que la réglementation interdit, depuis 2011, plus de 2 traitements par hectare et par an pour lutter contre la mouche avec l'insecticide le plus efficace, contre 5 ou 6 traitements auparavant. Et comme il y a eu 6 générations de mouches cette année, il a souvent manqué 4 traitements, d'où cette prolifération. La profession est mobilisée pour obtenir un changement de cette réglementation inadaptée et imposée en 2011 par des écologistes de salon, pour ne pas dire des Djihadistes verts.